Afghanistan : le retour et la victoire des talibans

GLOBE ÉCHOS | 16/08/21 13:55

Vingt ans après avoir été chassés, les combattants islamistes ont repris Kaboul. Le président Ashraf Ghani a fui le pays et a reconnu la victoire des talibans. 

 

Dimanche 15 août, les talibans sont entrés à Kaboul, capitale afghane. Vingt ans après la défaite des combattants, les États-Unis ont commencé le retrait de ses troupes en mai dernier après les accords de Doha. Les talibans en ont cependant profité pour accentuer leur offensive et leur reconquête et parviennent à contrôler presque tous les territoires du pays.

 

En seulement quelques heures, Kaboul est tombée sans combattre, marquant la victoire complète des talibans. Ils ont également libéré les prisonniers de Pul-e Charkhi, l’immense prison de la ville. Afin d’éviter des « pertes de civils innocents », les responsables talibans ont ordonné à leurs troupes de freiner leur avancée : « L’émirat islamique ordonne à toutes ses forces d’attendre aux portes de Kaboul, de ne pas essayer d’entrer dans la ville », annonçait en fin de matinée, sur Twitter, Zabihullah Mujahid, un porte-parole du mouvement. Il a également promis une prise dans le calme, sans vengeance envers les militaires ou fonctionnaires ayant servi les autorités. M. Mujahid a affirmé que toute personne souhaitant quitter la ville, notamment les étrangers, était en droit de partir. 

 

Un blitz conduit par les talibans 

 Les belles promesses n’ont malheureusement pas tenu longtemps. En début de soirée, plusieurs civils affirment que des combattants talibans étaient entrés dans la capitale, accompagnés de quelques coups de feu. Les troupes islamistes auraient pris le contrôle des postes de police, des ministères et de l’université. Ils ont réussi à franchir les portes du palais présidentiel, dernière étape de ce blitz d’une dizaine de jours. 

 

L’arrivée imminente des insurgés islamistes à Kaboul a instantanément semé la panique. Embouteillages de milliers d’habitants redoutant des combats, la majorité des civils ont tenté de fuir la ville ou de trouver refuge dans des quartiers réputés plus sûrs. Les États-Unis ont décidé d’envoyer dimanche soir 1.000 soldats supplémentaires aux 5.000 déjà déployés en urgence ces derniers jours pour sécuriser leurs milliers de ressortissants. « Nous transférons les hommes et les femmes de notre ambassade vers l’aéroport. C’est la raison pour laquelle le président a envoyé de nombreuses forces armées », a indiqué le secrétaire d’État, Antony Blinken.

 

L’offensive, débutée en mai après l’annonce par le président Joe Biden d’un retrait complet des troupes américaines, s’est considérablement accélérée ces derniers jours. En moins d’une semaine, les insurgés ont pris le contrôle de presque tout le pays, notamment de certaines capitales régionales qu’ils n’avaient jusqu’ici jamais réussi à soumettre.

 

La fuite du président Ghani

Le président Ashraf Ghani et son gouvernement, poussés à la capitulation et à la démission, ont tardivement essayé de sauver la face : « Il était presque impossible pour Ghani de rallier les forces de sécurité pour défendre Kaboul », a déclaré à l’AFP Ibraheem Thurial Bahiss, un consultant de l’International Crisis Group (ICG).

 

Des négociations entre Ghani, plusieurs responsables afghans et des Américains ont eu lieu, mais en vain. Le chef de l’État a finalement fui l’Afghanistan pour éviter « un bain de sang », reconnaissant que les « talibans ont gagné » dans un message posté sur Facebook. Le président se trouverait aujourd’hui au Tadjikistan.

 

Par Aurélie Billecard, pour Globe Échos

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