Covid 19 en Amérique Latine : quelles conséquences économiques ?

GLOBE ÉCHOS | 03/06/20 22:28

Le Coronavirus parti de Chine est aujourd’hui présent dans de nombreux pays dans le monde : Asie, Europe, Amériques. Ces derniers mois, ce sont les pays européens qui sont frappés en premier lieu par la pandémie. A partir des dernières semaines, l’Europe a néanmoins vu la pandémie baisser en intensité. Ce sont désormais les pays latino-américains qui sont au cœur de cette crise du Covid 19. Si la crise sanitaire reste encore la priorité, il est désormais évident que les sociétés latino-américaines vont sérieusement pâtir de la crise économique à venir. Pourquoi ? Comment ?

Les économies des pays latino-américains sont dans leur majorité dominées par les activités informelles. Au Mexique, au Pérou, en Colombie ou au Brésil, les vendeurs à la sauvette sont présents dans les rues malgré la mobilisation des forces de l’ordre. En effet, la vente de nourriture, de biens -contrefaits ou non- et de services ambulants est une donnée fondamentale des économies nationales en Amérique Latine. Si elle est probablement moins présente au Chili et en Uruguay, l’économie informelle demeure répandue dans le reste de la région. C’est pour cela que les gouvernements anticipent les effets économiques sur la population notamment celle travaillant dans les secteurs informels. Au Pérou, un fonds économique a été mis en place par les autorités gouvernementales. Au Salvador, le Président Nayib Bukele a appelé à la solidarité nationale et mis à contribution les classes privilégiées du pays. Au Mexique, les autorités souhaitent « étaler » la crise jusqu’en octobre afin de réduire son intensité. Le gouvernement d’Andrés Manuel Lopez Obrador craint en effet une hausse de la violence sociale en cas de crise économique aigue : vols, attaques.

Face à cette réalité sociale, il convient néanmoins de s’interroger sur les moyens mis en œuvre par les différents gouvernements latino-américains. Les mesures gouvernementales nécessitent la mise en place de fonds économiques conséquents qui supposent la mobilisation de ressources financières nationales ou l’endettement. Ces alternatives posent donc la question de l’importance des trésoreries nationales ainsi que le risque d’endettement auprès de créanciers étrangers. L’avenir économique de l’Amérique Latine est donc en suspens. La mobilisation gouvernementale à l’égard de la crise du Coronavirus pose également des interrogations au sujet de la relation entre gouvernants et gouvernés. Les informations transmises, que soit les données chiffrées de la crise ou les mesures gouvernementales renforcent ou non la relation de confiance établie avec le gouvernement. A l’ère des « fake news », les déclarations des gouvernements sont donc sujettes à interprétation voire rejet de la part de ceux qui les écoutent.

Malgré ces données alarmantes, il convient de considérer la structure économique voire mentale des sociétés latino-américaines. Les populations d’Amérique Latine sont davantage habituées à des réalités et des situations difficiles qui requièrent de la résilience et de l’adaptation. Les structures familiales contribuent également à de véritables réseaux d’entraide. Plus généralement, les économies latino-américaines notamment au Mexique et au Brésil sont plus propices à connaitre une reprise plus rapide qu’en Europe. Si le risque d’une crise économique importante est possible, les probabilités d’une reprise plus rapide sont également à envisager.

Thomas Péan, correspondant Globe Échos en Amérique latine

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