Nominations à la tête de l'UE : épreuve de force entre les chefs d'Etat et le Parlement
GLOBE ÉCHOS | 28/05/19 16:37
Les tractations pour désigner les nouveaux dirigeants des institutions européennes ont tourné mardi au bras de fer entre les chefs d'Etat ou de gouvernement et le Parlement européen et l'issue de cette lutte de pouvoir est incertaine.
L'affrontement porte sur la présidence de la Commission européenne, car celui qui sera élu pour l'assurer devra obtenir le soutien des chefs d'Etat ou de gouvernement et la majorité absolue au Parlement européen, soit 376 voix.
Les groupes politiques de l'Assemblée ont désigné leurs prétendants, les "Spitzenkandidaten", et leurs présidents ont refusé mardi matin toute candidature extérieure dans une déclaration adoptée peu avant une réunion des chefs d'Etat ou de gouvernement à Bruxelles.
Le groupe libéral, au sein duquel siègera le parti Renaissance du président français Emmanuel Macron, a refusé de soutenir cette ligne. Mais les élus signataires -PPE (droite), Socialistes, Verts- sont au nombre de 395 et peuvent marginaliser la famille libérale.
La position du Parlement a été transmise au président du Conseil, le Polonais Donald Tusk. Il va la soumettre aux dirigeants européens au cours d'un sommet extraordinaire organisé pour tirer les leçons des élections, marquées par une participation de plus de 50% qui renforce la légitimité de l'assemblée.
Donald Tusk aura moins d'un mois pour trouver un accord entre les deux instances, avant le sommet des 20 et 21 juin.
La référence est de mauvais augure, car la série télévisée est un récit de trahisons, de complots et de massacres dont le surprenant dénouement a déçu de nombreux fans.
- Eviter une crise -
"Games of Thrones va commencer", a prédit dimanche soir un des prétendants à la présidence de la Commission européenne, le Néerlandais Frans Timmermans, chef de file des Socialistes.
Le Parti Populaire Européen (PPE), la droite pro-européenne, revendique la présidence de l'exécutif bruxellois pour son prétendant, le Bavarois Manfred Weber. Mais il n'a pas l'assentiment du Conseil et n'est pas assuré de l'emporter au Parlement.
Il doit compter avec les prétendants des deux autres grands groupes : le socialiste Frans Timmermans et la libérale Danoise Margrethe Vestager.
Le PPE réunit ses instances et sept des huit chefs d'Etat ou de gouvernement de cette famille politique pour afficher son soutien à M. Weber, avant le sommet.
"Manfred Weber est en position de leader et nous l’aiderons à obtenir une majorité au Parlement européen", a annoncé lundi la présidente du parti conservateur allemand CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer.
Plusieurs dirigeants vont tenter de convaincre le PPE de renoncer à son candidat pour éviter une crise. Le Français Emmanuel Macron mène la rébellion, mais il n'ira pas jusqu'à un vote au cours duquel la France s'opposera à l'Allemagne, soutient un responsable européen.
Le président français compte sur les soutiens des huit chefs d'Etat ou de gouvernement de la famille libérale et cherche l'appui des cinq dirigeants socialistes.
Il a dîné lundi soir à Paris avec leur chef de file, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, sorti vainqueur du scrutin en Espagne. Madrid s'est dit prêt à former l'alliance entre les socialistes et les libéraux européens qu'appelle de ses voeux M. Macron.
- Cinq nouvelles têtes -
Le président français doit aussi s'entretenir avant le sommet européen avec Angela Merkel, qui a soutenu Manfred Weber pendant la campagne mais qui n'est pas favorable au système dit de "Spitzenkandidat".
Cinq institutions de l'UE vont changer de tête au cours des prochains mois : le Parlement début juillet, la Commission, le Haut Représentant pour la diplomatie et la Banque centrale européenne en novembre, le Conseil début décembre. Un mécano qui doit être un savant dosage entre grands et petits pays, Est/Ouest et parité homme/femme.
Le chef de l'exécutif bruxellois, l'ancien Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker était le "Spitzenkandidat" du PPE en 2014. Son successeur devra recueillir les suffrages des trois principales formations : PPE, socialistes et libéraux.
Les chances de Frans Timmermans et de Margrethe Vestager sont nulles si le PPE maintient Manfred Weber.
Mais le candidat du PPE devra s'effacer s'il n'obtient pas la majorité absolue, ont assuré à l'AFP plusieurs dirigeants de cette famille. Le PPE pourrait alors décider de soutenir Frans Timmermans contre Margrethe Vestager, a laissé entendre Manfred Weber.
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