Haïti : Manifestations sous haute tension contre la corruption en Haïti

GLOBE ÉCHOS | 09/02/19 17:43

Plusieurs milliers de citoyens haïtiens se sont rassemblés dans les rues, les jeudi 7 et vendredi 8 février 2019, à l’occasion de la deuxième année de mandat du président Jovenel Moïse pour réclamer un procès dans l'affaire de la dilapidation présumée des fonds Petrocaribe et le départ de l'équipe en place.

Ils poursuivaient plusieurs objectifs : exiger le départ du chef de l’État, dénoncer la cherté de la vie et la dévalorisation de la gourde par rapport au dollar américain, demander des comptes sur la gestion des fonds Petrocaribe qui devaient être utilisés pour financer des projets sociaux et d’infrastructures.

Plusieurs points de rassemblements ont été fixés dans le cadre de cette mobilisation populaire, comme sous le viaduc de Delmas. Toutes les activités ont été paralysées à Port-au-Prince et dans plusieurs autres régions du pays (Jacmel, Cayes, Mirebalais, Jacmel, Saint-Marc, Mirebalais…). Les commerces, les écoles, les banques… ont gardé leurs portes fermées. À Jérémie, les activités suivaient toutefois leur cours normal.

Dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince, les protestataires ont érigé des barricades de pneus enflammés et ont sillonné les rues en lançant des slogans hostiles au pouvoir en place. Dans certains points, des policiers ont baissé les armes afin d’esquiver des affrontements meurtriers avec des manifestants très en colère.

L’un des chefs de l’opposition démocratique, André Michel, a fait savoir que le président est l’obstacle numéro un au procès Petrocaribe : « Jovenel Moïse n’a ni légitimité ni pouvoir pour faire quoi que ce soit. Personne ne croit en la parole du président et de son gouvernement. Le dernier exemple est l’état d’urgence économique, c’est quelque chose de ridicule » a-t-il fait savoir.

Pourtant, le gouvernement de Jean Henry Céant a exhorté la population à réfléchir et à faire de cette date le point de départ d’un programme commun qui est la recherche de vraies solutions aux problèmes d’Haïti, selon un communiqué de la Primature.

Dans cet avis transmis au public, le gouvernement a invité les églises, les institutions morales et les leaders de grande sagesse à se joindre les mains dans la méditation pour prioriser les pensées positives sur le défaitisme et pour propager le message d’union en cette conjoncture.

Le lendemain, ce 8 février, comme la veille, tout a été pratiquement paralysé en Haïti. De multiples axes routiers importants ont été barricadés. Du Nord au Sud, on réclame, presqu’à l’unisson, le départ du chef de l’Etat. « Nous restons près de nos barricades pour éviter les déplacer. Le président doit démissionner pour que la justice règne dans le pays », a déclaré un jeune homme encagoulé de la rue des miracles.

Les transports publics fonctionnent très timidement sur les différentes artères, avec la présence de plus de motos-taxis. Comme le jeudi 7 février 2019, les portes des écoles publiques et privées restent fermées. Dans plusieurs quartiers, des tirs sporadiques d’armes à feu fusent de temps à autre. Ce qui a découragé plusieurs habitantes et habitants de gagner les rues, pour aller vaquer à différentes activités.

Pour l'ancien sénateur Moïse Jean Charles, la journée a été une belle réussite, les manifestations ayant contraint le président Moïse, à la date de son deuxième anniversaire au pouvoir, à rester dans son coin, sans aucune célébration. Mais le chef de l'État n'a pas démissionné. Face à cela, Jean-Charles menace que dans les prochains jours, un président autoproclamé sera installé en Haïti.

Le chef de l’Etat, en réaction à la mobilisation populaire, a appelé au respect de la Constitution haïtienne. Il a rappelé qu’il a été élu par une partie de la population. Et, à tous ceux qui pensent pouvoir apporter une amélioration aux conditions de vie de la population, le Chef d'État les a appelés à emprunter la voie des urnes.

Comme bilan, dans la ville des Gonaïves, 2 jeunes manifestants auraient trouvé la mort et 5 blessés ont été rapportés par l’hôpital. À Petit-Goâve, 3 blessés. Aux Cayes, 2 policiers blessés. Au Cap-Haïtien, 1 mort et une dizaine de blessés.

Le 7 février, 33 ans après la chute de la dictature des Duvalier, reste une date emblématique dans le cœur des haïtiens.

Snayder Pierre Louis, correspondant Globe Echos en Haïti

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