Roland-Garros: face aux menaces des Grand Chelem, Osaka s'éclipse

GLOBE ÉCHOS | 01/06/21 09:56

Naomi Osaka dit stop. Face à la crise née de sa décision de ne pas donner de conférence de presse à Roland-Garros et aux menaces formulées par les quatre tournois du Grand Chelem, la N.2 mondiale a annoncé son retrait du tournoi lundi soir, invoquant l'anxiété et la dépression.

C'est par un long message posté sur son compte #Twitter que la Japonaise de 23 ans a expliqué son choix.

"C'est une situation que je n'avais pas imaginée ni cherchée quand j'ai tweeté il y a quelques jours, commence Osaka. Je pense que, maintenant, la meilleure chose pour le tournoi, les autres joueuses et mon bien-être est que je me retire (du tournoi) pour que chacun puisse se reconcentrer sur le tennis."

"Je vais me retirer un certain temps des courts mais, le moment venu, je veux vraiment travailler avec le circuit pour discuter des moyens d'améliorer les choses pour les joueurs, la presse et les fans", annonce-t-elle également.

"Je n'ai jamais voulu créer de perturbation et je reconnais que le timing n'était pas idéal et que mon message aurait pu être plus clair", s'excuse-t-elle.

"La vérité est que j'ai traversé de longues périodes de dépression depuis l'#USOpen 2018 (son premier sacre en Grand Chelem, ndlr) et que j'ai eu beaucoup de mal à m'en remettre", raconte la Japonaise, qui a grandi et vit aux #EtatsUnis.

"Quiconque me connaît sait que je suis introvertie, et quiconque m'a vue pendant des tournois aura remarqué que je porte souvent un casque audio parce que ça m'aide à atténuer mon anxiété sociale, poursuit-elle. Je ne suis pas naturellement à l'aise pour parler en public et je ressens d'immenses vagues d'anxiété quand je dois m'adresser à la presse mondiale."

Tout a commencé mercredi dernier quand Osaka a surpris en communiquant sa décision de snober les conférences de presse à Roland-Garros pour préserver sa santé mentale.

Mais c'est après sa qualification pour le deuxième tour dimanche que les choses se sont brutalement crispées entre elle et les quatre tournois les plus puissants du tennis mondial.

- Menace de sanctions -

D'abord, la quadruple lauréate en Grand Chelem (US Open 2018 et 2020, Open d'Australie 2019 et 2021) a écopé d'une amende de 15.000 dollars (12.300 euros). Surtout, les quatre Majeurs ont prévenu dans un communiqué commun que "dans l'hypothèse où elle continuerait à manquer à ses obligations médiatiques pendant le tournoi, elle s'exposerait à de nouvelles sanctions".

"Des infractions à répétition pourraient engendrer des sanctions plus sévères, y compris l'exclusion du tournoi, ainsi que le déclenchement d'une enquête pour faute grave, qui pourrait mener à des amendes plus lourdes et des suspensions pour les Grands Chelems à venir", ont-ils menacé.

Face à cette soudaine montée de tension, Osaka a finalement préféré s'éclipser vingt-quatre heures plus tard, non sans s'expliquer.

Sa décisiona été accueillie avec tristesse par la Fédération française de tennis (FFT), organisatrice du tournoi, comme par Serena Williams.

- Federer et Swiatek avec sérénité -

"Le retrait de Naomi de #RolandGarros est une issue malheureuse. Nous lui souhaitons le meilleur et le plus prompt rétablissement possible et nous espérons revoir Naomi à notre tournoi l'année prochaine", a déclaré le président de la FFT Gilles Moretton.

"J'ai de la peine pour Naomi", a commenté la championne américaine. "Je voudrais la serrer dans mes bras, parce que je sais ce que c'est", a-t-elle ajouté.

De nombreuses autres personnalités du monde sportif ont apporté leur soutien à #NaomiOsaka. "En tant que sportifs, on nous apprend à prendre soin de notre corps, et peut-être que l'aspect mental est traité à la va-vite", a par exemple tweeté l'ancienne championne de tennis Martina Navratilova. "Tout cela va plus loin que de donner ou ne pas donner une conférence de presse. Bonne chance Naomi, nous sommes tous derrière toi!" a-t-elle ajouté.

Côté court, pour son retour en #GrandChelem quasiment 500 jours plus tard, #RogerFederer a connu une entrée sereine : sur le Central baigné de soleil, le Suisse aux vingt trophées majeurs - comme #RafaelNadal qui a une occasion en or de le dépasser - a disposé en à peine plus d'1h30 du qualifié ouzbek Denis Istomin (204e) 6-2, 6-4, 6-3.

Il ne s'agit que de sa deuxième victoire de la saison en quatre matchs et sa dernière apparition en Grand Chelem datait de l'Open de l'Australie 2020.

Le jour de ses vingt ans, Iga Swiatek, lauréate de l'édition 2020, a elle aussi réussi ses débuts, face à la Slovène Kaja Juvan (91e), battue 6-0, 7-5. Comme Serena Williams, elle 40 ans en septembre, aux dépens de la Roumaine Irina-Camelia Begu (74e) 7-6 (8/6), 6-2, pour la toute première session nocturne de l'histoire de Roland-Garros.

Jour de première pour Daniil Medvedev : à sa cinquième participation à Roland-Garros, le N.2 mondial a enfin empoché sa première victoire, 6-3, 6-3, 7-5 aux dépens du Kazakhe Alexander Bublik (37e).

"C'est historique !", a tweeté le Russe, en citant un de ses propres messages datant de fin 2020 qui disait: "Peut-être que d'ici 2050 je réussirai à gagner un premier tour à Roland-Garros".

 

Guillaume Bati, avec l'Afp

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