Suspect puis témoin, Platini retrouve la justice suisse

GLOBE ÉCHOS | 15/03/21 12:36

Michel Platini a retrouvé depuis lundi la justice suisse, comme suspect dans l'affaire qui a brisé son parcours dirigeant, avant de témoigner mercredi dans un dossier distinct visant le patron de la Fifa Gianni Infantino.

Peu avant 8h00 GMT, sous un ciel mêlant pluie et neige, le triple Ballon d'Or s'est engouffré dans le bâtiment du Ministère public de la Confédération (MPC) à Berne, accompagné de son avocat Dominic Nellen.

Il doit répondre jusqu'à mardi au procureur Thomas Hildebrand, qui le poursuit pour un paiement suspect de 2 millions de francs suisses (1,8 million d'euros), aux côtés de l'ancien président de la Fifa Sepp Blatter.

Selon le parquet, il s'agira de l'ultime audition du Français "avant la clôture de l'instruction", d'après le parquet. Platini sera ensuite soit mis hors de cause, soit renvoyé devant un tribunal pour y être jugé.

Le numéro 10 légendaire des Bleus est soupçonné d'"escroquerie", "gestion déloyale", "abus de confiance" et "faux dans les titres", des accusations élargies en novembre et passibles de cinq ans de prison.

Sepp Blatter devait également être entendu pour cette affaire mais il est convalescent après avoir été hospitalisé en décembre et janvier, selon son entourage.

- Incohérence -

Au coeur du dossier, ouvert en 2015 et qui a mis les deux dirigeants au ban du football mondial, le paiement par la Fifa de 2 millions de francs suisses à Michel Platini début 2011, sans justification écrite, sur ordre de Sepp Blatter.

Anciens alliés devenus rivaux, Blatter et Platini ont toujours affirmé qu'il s'agissait d'un reliquat de paiement pour un travail de conseiller effectué par le Français entre 1999 et 2002.

Selon les deux hommes, l'accord entre eux remonte au printemps 1998: Sepp Blatter, entré à la Fifa en 1975 comme directeur du développement mais dépourvu de légitimité sportive, cherchait l'appui de l'ex-champion pour prendre la tête de l'instance.

Mais la Fifa déplore l'absence de contrat écrit mentionnant à l'époque une telle rémunération, et en réclame à Michel Platini le remboursement. Il existe certes une "convention" écrite, signée en 1999, mais elle ne prévoit qu'un salaire annuel de 300.000 francs suisses pour Michel Platini.

Platini comme Blatter ont depuis expliqué cette incohérence en évoquant les "problèmes de liquidité" que connaissait à l'époque la Fifa. Ils auraient donc oralement prévu que le complément de salaire serait versé par la suite, négligeant simplement de le préciser par écrit, relatait le Tribunal arbitral du sport dans une décision rendue en 2016.

- 'Complot' -

"Depuis 2015, Michel Platini a été: témoin, témoin assisté, mis hors de cause officiellement par le même MPC en 2018, puis suspect auditionné sur la base de soupçons qui ont été levés au cours des dernières auditions", déplorait son entourage fin novembre à l'AFP.

Si le Français n'exclut pas un retour aux responsabilités sportives, confiant dans ses chances de se voir blanchi, sa défense a demandé la récusation du procureur Hildebrand, affirmait dimanche le journal Le Monde.

Fauché en pleine ascension, Michel Platini est convaincu d'avoir été victime d'un complot monté par Gianni Infantino, son ancien adjoint lorsqu'il dirigeait l'UEFA, pour l'écarter de la course à la présidence de la Fifa.

Or l'ancien champion est également convoqué mercredi à Sarnen, dans le centre de la Suisse, cette fois comme "personne appelée à donner des renseignements" dans l'enquête visant depuis juillet 2020 son ancien rival, selon une information du Monde confirmée par le parquet.

Ce volet porte sur trois rencontres secrètes en 2016 et 2017 entre M. Infantino et l'ancien procureur général Michael Lauber, qui ont nourri les soupçons de collusion entre le parquet suisse et la Fifa.

Blanchi par la justice interne de l'instance, l'Italo-Suisse juge "absurde" d'être mis en cause pour avoir rencontré un magistrat.

Mais le dirigeant est désormais sous la menace d'une deuxième affaire, pour être rentré en jet privé du Suriname à la Suisse, en 2017, aux frais de la Fifa. Le procureur Stefan Keller, qui voyait fin 2020 dans ce vol une possible "gestion déloyale", vient d'être désigné compétent pour mener l'enquête.

 

Guillaume Bati, Avec l'Afp

derniers tweets