Trump se lâche contre son ex-conseiller Bannon
GLOBE ÉCHOS | 04/01/18 10:10
La charge est d'une violence inouïe: Donald Trump a accusé mercredi son ancien conseiller Steve Bannon d'avoir "perdu la raison", marquant la rupture avec celui qui fut l'un des stratèges de sa victoire inattendue de 2016.
Cette attaque à la tonalité peu commune de la part d'un président américain fait suite à la diffusion d'extraits explosifs d'un livre dans lequel l'ex-conseiller affirme que le fils du locataire de la Maison Blanche, Donald Trump Jr., a commis une "trahison" en rencontrant une avocate russe offrant des informations compromettantes sur Hillary Clinton.
"Steve Bannon n'a rien à voir avec moi ou ma présidence", a lancé le 45e président des Etats-Unis.
Le changement de ton est spectaculaire vis-à-vis de cet homme à la crinière poivre et sel et la démarche nonchalante que Donald Trump qualifiait il y a moins de cinq mois d'"ami", de "quelqu'un de bien" traité très injustement par la presse.
"Steve n'a eu qu'un rôle très limité dans notre victoire historique", a-t-il estimé mercredi, accusant ce dernier d'avoir passé son temps à la Maison Blanche "à faire fuiter de fausses informations pour se rendre plus important qu'il n'était".
- Base électorale 'solide' -
Au-delà de la nouvelle ligne de fracture qu'elle révèle, cette spectaculaire prise de bec soulève d'épineuses questions politiques pour Donald Trump à l'approche des primaires républicaines en vue des élections de mi-mandat prévues en novembre.
Depuis son départ de la Maison Blanche l'été dernier, Steve Bannon s'est auto-désigné sauveur du "Trumpisme" face à ce qu'il juge être un dévoiement par les républicains du sérail et les "élites" de Washington. C'est au nom de cette ligne qu'il avait défendu le très controversé Roy Moore dans l'Alabama.
Après cette cassure, Donald Trump ne risque-t-il pas de se couper de la frange la plus à droite de son électorat ou de devoir avancer à tâtons sur une ligne de crête dans un parti républicain scindé en deux?
"La base électorale du président est très solide", a rétorqué sa porte-parole Sarah Sanders, dénonçant par ailleurs un livre truffé d'erreurs et assurant que son auteur, Michael Wolff, n'avait, au total, échangé que "5 à 7 minutes" avec le président américain.
Ce dernier est "furieux" et "dégoûté" par les propos de son ex-conseiller, a-t-elle ajouté.
L'entourage de M. Trump est au centre d'une enquête menée par le procureur spécial Robert Mueller sur une possible collusion avec la Russie en vue d'influencer l'élection de novembre 2016.
Le général Michael Flynn, ex-conseiller à la sécurité nationale du président, a notamment plaidé coupable d'avoir menti au FBI sur ses conversations avec l'ambassadeur de Russie aux Etats-Unis, Sergueï Kisliak.
Les enquêteurs s'intéressent en particulier à une rencontre entre Donald Trump Jr., Jared Kushner, gendre et proche conseiller de M. Trump, Paul Manafort, ex-directeur de campagne, et Natalia Veselnitskaya, le 9 juin 2016. Selon le clan Trump, cette rencontre n'a duré que "quelques minutes" et l'avocate présumée liée au Kremlin n'a donné "aucune information de valeur" pour incriminer la candidate démocrate.
"Les trois personnes les plus importantes de la campagne ont pensé que c'était une bonne idée de rencontrer un gouvernement étranger dans la Trump Tower, dans la salle de conférence du 25e étage, sans avocats. Ils n'avaient pas d'avocats", explique M. Bannon à Michael Wolff, auteur du livre "Le feu et la fureur, dans la Maison Blanche de Trump".
"Même si vous pensez que ce n'était pas une trahison, pas anti-patriotique ou pas une connerie - et moi je pense que c'est tout cela - vous auriez dû appeler le FBI tout de suite", affirme-t-il dans ce livre à paraître la semaine prochaine.
- 'Melania en larmes' -
Selon lui, l'équipe du procureur Mueller se concentre sur "le blanchiment d'argent" et "leur chemin vers Trump passe directement par Paul Manafort, Don Jr. et Jared Kushner".
Dans d'autres extraits publiés par le New York Magazine, Michael Wolff dévoile un candidat républicain qui ne souhaitait pas remporter l'élection et une équipe rapprochée qui ne croyait pas à la victoire jusqu'au jour du scrutin.
Ce soir-là, "Don Jr. a dit à un ami que son père (...) ressemblait à quelqu'un ayant vu un fantôme. Melania (Trump) était en larmes - mais pas de joie", écrit-il.
La porte-parole de la Première dame, a vigoureusement contesté cette version, assurant que l'ancienne mannequin d'origine slovène avait toujours eu "confiance" dans la victoire et était "très heureuse" lorsque son mari l'a emporté face à Hillary Clinton.
Michael Wolff, auteur notamment d'une biographie sur le magnat des médias Rupert Murdoch, dit s'être entretenu avec M. Trump et plus de 200 proches collaborateurs pour son livre.
AFP – Globe Échos
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