A Jérusalem, une commémoration de la Shoah avec le dossier iranien en arrière-plan

GLOBE ÉCHOS | 23/01/20 19:04

Les Etats-Unis et Israël ont appelé jeudi à durcir le ton face à l'Iran en pleine cérémonie marquant à Jérusalem le 75e anniversaire de la libération du camp nazi d'Auschwitz, symbole du génocide juif.

Une quarantaine de dirigeants internationaux, dont les présidents français Emmanuel Macron et russe Vladimir Poutine, sont réunis pour ces commémorations, présentées comme le plus important rassemblement politique dans l'histoire d'Israël par les autorités israéliennes.

Israël accuse depuis des années l'Iran de chercher à se doter de l'arme nucléaire, malgré les démentis de Téhéran, tandis que les tensions entre l'Iran et Washington n'ont cessé de croître depuis la sortie des Etats-Unis, en mai 2018, de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien.

"J'appelle tous les gouvernements à joindre l'effort vital pour faire face à l'Iran", a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à l'ouverture des commémorations avant d'ajouter: "Il ne peut y avoir une autre Shoah".

"Israël doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour se défendre", a-t-il ajouté, saluant les sanctions américaines contre les "tyrans de Téhéran", lors de ce rassemblement dédié à la mémoire de la Shoah, extermination de millions de juifs par l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, et à la lutte contre l'antisémitisme.

"Nous devons nous préparer à affronter le raz-de-marée de l'antisémitisme (...) nous devons donc rester ferme face au premier Etat pourvoyeur d'antisémitisme", a renchéri le vice-président américain Mike Pence, avant de nommer "la République islamique d'Iran".

- "Haine contemporaine" -

Pour M. Netanyahu, la menace nazie d'antan porte aujourd'hui un autre nom, celui de l'Iran, car Téhéran menace, par son programme nucléaire et balistique, dit-il, l'existence même de l'Etat hébreu. L'Iran dément catégoriquement vouloir se doter de l'arme nucléaire.

Israël, qui s'oppose à l'accord sur le nucléaire iranien, appelle les Européens à soutenir les Etats-Unis, qui s'en sont retirés, rétablissant ensuite de lourdes sanctions contre Téhéran.

Face à Israël et aux Etats-Unis qui soutiennent la doctrine de "pression maximale" sur l'Iran --dont le chef des opérations extérieures Qassem Soleimani a été tué dans une frappe américaine début janvier en Irak, un pic dans les tensions entre les deux pays--, les Européens soulignent la nécessité de respecter l'accord.

S'il a appelé à rester ferme face à l'antisémitisme et défendu l'idée cette semaine que la "négation de l'existence d'Israël comme Etat" était une "forme contemporaine" d'antisémitisme, Emmanuel Macron a toutefois mis en garde contre une instrumentalisation de la Shoah.

"Nul n'a le droit de convoquer ses morts pour justifier quelque division ou quelque haine contemporaine car tous ceux qui sont tombés nous obligent à la vérité, à la mémoire, au dialogue, à l'amitié", a-t-il déclaré dans un discours, sans prononcer le mot "Iran".

Cette déclaration du président Macron fait référence aux débats qu'ont pu provoquer récemment les passes d'armes entre la Russie et la Pologne, a précisé une source diplomatique française.

Le président polonais Andrzej Duda a décidé de ne pas se rendre aux commémorations car il n'a pas été autorisé à y prononcer un des principaux discours à l'instar de M. Poutine, qu'il accuse de faire la promotion de sa "politique historique" consistant à faire l'éloge de l'URSS, en faisant oublier son pacte de 1939 avec l'Allemagne nazie.

- "Responsabilité historique" -

M. Poutine a profité jeudi de son passage en Terre sainte pour inaugurer un mémorial en l'honneur des victimes du siège de Leningrad par l'Allemagne nazie, où sont morts environ 800.000 personnes entre 1941 et 1944.

"Le siège de (Leningrad) et la Shoah sont deux événements qui ne peuvent être comparés à rien d'autre", a déclaré le président russe, appelant à lutter contre l'antisémitisme sans mentionner l'Iran, dont la Russie reste proche.

M. Poutine a appelé à un sommet des dirigeants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU --Russie, France, Royaume-Uni, Chine, Etats-Unis-- pour répondre aux "défis" contemporains, dans un contexte de tensions Est-Ouest exacerbées.

La "division face aux menaces" peut "avoir des conséquences terribles", a déclaré M. Poutine. "Nous devons avoir le courage non seulement d'en parler, mais devons tout faire pour défendre et préserver la paix", a-t-il martelé.

"Les cinq membres permanents (...) ont aujourd'hui une responsabilité historique et je partage votre volonté 75 ans plus tard de nous rassembler", lui a simplement répondu M. Macron.

Au mémorial de la Shoah, à Yad Vashem, des survivants ont partagé leur histoire. "Je lutte contre l'antisémitisme chaque fois que je témoigne", a expliqué Nahum Rottenberg, un rescapé 92 ans, disant regretter qu'il y ait encore aujourd'hui des conflits.

 

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