Destitution de Trump: un témoin clé enfonce le clou au Congrès
GLOBE ÉCHOS | 14/11/19 14:25
Un témoin clé a décrit mercredi un Donald Trump obsédé par sa campagne de réélection au point de faire pression sur l'Ukraine, lors des premières auditions parlementaires télévisées dans l'enquête pour déterminer si le président américain doit être destitué.
Ancien combattant au Vietnam, cheveux gris et visage aux traits sévères, l'ambassadeur américain de facto en Ukraine, William Taylor, a ouvert le bal de ces dépositions historiques aux côtés d'un autre diplomate de carrière, George Kent, haut responsable du département d'Etat spécialiste de l'Ukraine.
Un témoin clé a décrit mercredi un Donald Trump obsédé par sa campagne de réélection au point de faire pression sur l'Ukraine, lors des premières auditions parlementaires télévisées dans l'enquête pour déterminer si le président américain doit être destitué.
Dénonçant une "mascarade", Donald Trump a affirmé avoir été "trop occupé" pour regarder ces auditions, qui ont mis en évidence le franc soutien dont il dispose toujours chez les républicains.
Ancien combattant au Vietnam, cheveux gris et visage aux traits sévères, l'ambassadeur américain de facto en Ukraine, William Taylor, a ouvert le bal de ces dépositions historiques aux côtés d'un autre diplomate de carrière, George Kent, haut responsable du département d'Etat spécialiste de l'Ukraine.
Les démocrates soupçonnent le milliardaire républicain d'avoir abusé de ses pouvoirs présidentiels en demandant à Kiev d'enquêter sur Joe Biden, bien placé pour l'affronter en novembre 2020 à la présidentielle.
Forts de leur majorité à la Chambre des représentants, ils ont ouvert fin septembre une enquête pour constituer un dossier de mise en accusation, l'"impeachment" en anglais.
Avant Donald Trump, seuls trois présidents américains avaient été visés par une telle procédure explosive. Aucun n'a été démis de ses fonctions.
Après six semaines d'auditions à huis clos, les démocrates espèrent faire basculer l'opinion publique grâce à ces témoignages retransmis sur les grandes chaînes d'information.
Mais il n'est pas évident que les auditions fleuves de mercredi, menées par des élus républicains et démocrates aux vues diamétralement opposées, aient fait bouger des électeurs très polarisés.
- Avancer "sans délai" -
M. Taylor a rapporté les propos de l'ambassadeur américain auprès de l'Union européenne, Gordon Sondland, selon qui le président américain "s'intéressait" davantage à l'ouverture d'une enquête sur M. Biden en Ukraine qu'à la situation dans ce pays.
Sous serment, il a surpris en révélant avoir appris vendredi l'existence de cette déclaration faite le 26 juillet, juste après un entretien entre MM. Trump et Sondland.
"Je ne sais rien là-dessus", a affirmé M. Trump, interrogé plus tard sur ces propos à la Maison Blanche.
"Première fois que j'entends cela", a-t-il ajouté en balayant les informations de "seconde main" des témoins.
Une ligne d'attaque martelée au Congrès par les républicains qui leur ont reproché de rapporter des propos parfois de deuxième voire "troisième" main.
"Ce que nous avons appris aujourd'hui, c'est que (le président) lui-même passait et participait à ces discussions par téléphone", a au contraire commenté la jeune élue démocrate Alexandria Ocasio-Cortez. "Cela ajoute un certain degrés de proximité."
Avec une dizaine d'auditions prévues d'ici au 20 novembre, les démocrates veulent mener leur enquête sans "délai". Leur confortable majorité à la chambre basse laisse peu de doutes sur l'"impeachment" du président américain.
Compte tenu de la majorité républicaine au Sénat, il est en revanche peu probable que Donald Trump soit ensuite destitué, car la chambre haute, qui serait chargée de le juger, aurait le dernier mot.
En attendant, le cadre des investigations est clair, a affirmé Adam Schiff, président de la commission du Renseignement qui mène l'enquête:
M. Trump "a-t-il invité l'Ukraine à s'ingérer dans nos élections?" A-t-il commis un "abus de pouvoir?"
Comme levier, le milliardaire aurait suspendu une aide militaire de quelque 400 millions de dollars destinée à Kiev, et mis dans la balance une possible invitation du nouveau président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à la Maison Blanche.
Au cours d'une conversation téléphonique le 25 juillet, M. Trump a bien demandé à son homologue ukrainien de "se pencher" sur Joe Biden et son fils, Hunter, qui a été employé par une compagnie gazière ukrainienne.
Cet appel avait alarmé plusieurs hauts responsables, au point qu'un lanceur d'alerte avait décidé de le signaler à sa hiérarchie.
Cet appel était "parfait", martèle M. Trump.
- "Répugnant" -
Dans son témoignage mercredi, M. Taylor a affirmé qu'un canal diplomatique "irrégulier" avait été mis en place avec l'Ukraine, dirigé par l'avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani.
"A la mi-août, il m'est apparu évident que les efforts de Giuliani pour concocter des enquêtes politiques contaminaient désormais" les relations entre Kiev et Washington, a renchéri M. Kent.
M. Taylor a également répété trouver "dingue" qu'une aide militaire destinée à l'Ukraine puisse avoir été gelée "en échange" de l'ouverture d'enquêtes sur des rivaux de Donald Trump.
"Ceci n'est pas arrivé", a tonné l'élu républicain Jim Jordan, en soulignant que l'aide avait été finalement débloquée en septembre, sans que Kiev n'annonce d'enquête sur les Biden.
C'est là une autre ligne centrale de la défense des républicains: on ne peut pas accuser Donald Trump d'avoir exercé un chantage s'il n'en a rien tiré, et que l'enveloppe d'aide a été attribuée.
Mais, a insisté Adam Schiff, "un stratagème (...) n'en devient pas moins répugnant parce qu'il a été découvert avant d'être totalement mené à bout".
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